Alors que la levée du moratoire sur les exécutions des condamnés à mort, en place depuis 2003 en RDC, a été formalisée par la note circulaire émanant du Ministère de la Justice le 13 mars 2024, la présence de Me Yangambi Libote revêtait une importance capitale. En effet, suite à une demande du Conseil supérieur de la défense, relayée lors du Conseil des ministres du 9 février dernier, cette décision a entraîné une forte mobilisation pour plaider et sensibiliser en faveur de l’abolition de la peine capitale. Actuellement plus de 800 personnes condamnées à mort sont détenues dans les prisons congolaises.
La semaine de Me Yangambi Libote a été rythmée par une série de rencontres visant à sensibiliser le plus grand nombre sur la question cruciale de la peine de mort en RDC et les conséquences dramatiques qu’aurait une reprise des exécutions. Notamment, des échanges enrichissants ont éclos lors de deux soirées organisées auprès des Barreaux de Paris et de Rouen. À ces occasions, Me Yangambi Libote s’est exprimé devant ses confrères et consœurs avocat·es français·es, partageant son expérience, les réalités de la justice congolaise et plaidant la nécessaire abolition de la peine capitale. Les discussions approfondies qui ont suivi ont permis d’explorer les implications éthiques et juridiques de cette question.
Une rencontre décisive avec les ministres du Conseil de l’Europe
Son témoignage lors d’une discussion thématique sur l’abolition universelle de la peine de mort du Comité des Ministres du Conseil de l’Europe a été particulièrement remarqué. Des extraits de la décision adoptée par le Comité en suivant de la discussion ont souligné l’opposition sans équivoque du Conseil de l’Europe à la peine de mort et le regret de ses membres éprouvé face à la récente levée du moratoire en RDC. Étant ainsi, et notamment, en lumière le rôle crucial joué par Me Yangambi Libote dans la lutte abolitionniste.
« Les Délégués réaffirment leur opposition sans équivoque à la peine de mort, y compris à toute réintroduction de celle-ci, en tous lieux et en toutes circonstances, et réitèrent l’objectif du Conseil de l’Europe de créer une zone sans peine de mort en Europe et au-delà et de poursuivre son combat contre son rétablissement et en faveur de son abolition universelle, conformément à la Déclaration du Sommet de Reykjavík » et « prennent note des déclarations de Firmin Yangambi, ancien condamné à mort en République Démocratique du Congo, de Matthew Goldberg, Président de la Coalition mondiale contre la peine de mort, et d’Aminata Niakaté, Présidente de « Ensemble contre la peine de mort » (ECPM), et de la déclaration vidéo de Renate Wohlwend, ancienne Rapporteure générale sur l’abolition de la peine de mort de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe ; dans ce contexte, regrettent la récente levée du moratoire sur la peine de mort en République démocratique du Congo. »
Extraits de la décision du Comité des Ministres du Conseil de l’Europe adoptée à l’issue de la discussion thématique sur l’abolition universelle de la peine de mort.
Sensibilisation des jeunes à Sciences Po Strasbourg et en Normandie
Une table ronde organisée par Stras-Diplomacy et MIRA à Sciences Po Strasbourg a rassemblé 250 étudiant·es en droit et en sciences politiques. En mobilisant un éventail d’intervenant·es qualifié·es et diversifié·es, cette table ronde ambitionnait de sensibiliser les étudiant·es à la cause abolitionniste. La collaboration étroite entre différentes structures, notamment le Conseil de l’Europe, des organisations non gouvernementales comme ECPM et la Représentation Permanente de la France, a permis une approche holistique de cet incontournable des luttes en faveur du respect des droits humains. Cette initiative aspirait à fournir aux participant·es une compréhension approfondie de la question en réunissant des perspectives variées, notamment celle d’un ancien condamné à mort, et en soulignant l’importance du plaidoyer pour l’abolition. La place des jeunesses en son sein étaient aussi soulignés
Enfin, à l’occasion d’un évènement-vote organisé à Caen dans le cadre du Prix Liberté (proposé par la Région Normandie, mis en œuvre avec l’Institut international des droits de l’Homme et de la paix, le Prix Liberté est un dispositif pédagogique de sensibilisation à la liberté, à la paix et aux droits de l’Homme ancré dans les valeurs portées par le Débarquement du 6 juin 1944 en Normandie), une partie de l’équipe Eduquer d’ECPM et Me Yangambi Libote ont sensibilisé une centaine de lycéen·nes à la levée du moratoire sur les exécutions en RDC et aux enjeux humains du combat abolitionniste.
La diversité des interlocuteur·rices rencontré·es et les échanges qui en sont nés attestent de l’importance cruciale de la venue de Me Yangambi Libote en France. Son plaidoyer vibrant en faveur de l’abolition de la peine de mort en RDC résonne au-delà des frontières nationales, inspirant une mobilisation renforcée pour un monde sans peine capitale.