Wang Keping (Chine)
Constant, Eliane et Jonathan (RDC)
Trois élèves de l’Académie des Beaux Arts de Kinshasa, participant·es à notre concours international d’affiches abolitionnistes « Dessine-moi l’abolition »
Layth Abudlamir (Irak)
Ndume Olatushani
« L’art m’a réellement sauvé la vie, au sens propre comme au figuré. Imaginez que je vivais dans une cellule où je ne pouvais même pas tendre les bras. Cette cellule faisait 1 mètre 20 sur 2 mètres 75 ; j’y passais vingt-trois heures par jour et, quand j’en sortais, j’avais des chaînes aux pieds, attaché comme un monstre imaginaire… Dans un tel contexte, il était dur de garder espoir et de prendre suffisamment soin de moi pour simplement survivre. Moi, c’est l’art qui m’a aidé à y arriver… Pour nous qui luttons contre cette situation, nous devons prendre le problème à bras-le-corps. C’est impossible autrement. Laissez-moi vous dire que, sans des personnes comme celles réunies ici et tous ceux qui combattent ce problème dans le monde entier, je ne serais pas là. C’est ce qui m’a donné de l’espoir, m’a permis de me lever tous les matins, de ne pas baisser les bras et de mettre un pied devant l’autre, même face à l’adversité. Deux ans après mon incarcération, ma mère a été tuée dans un accident de voiture. C’est dur pour moi d’en parler. J’ai les larmes aux yeux, rien qu’en y pensant… Le pire qui puisse arriver à une personne en prison… Je sais que c’est vrai de tout le monde mais, en prison, on ne maîtrise rien et le pire qui puisse vous arriver, c’est que l’on vienne vous voir pour vous dire d’appeler chez vous de toute urgence. Quand on vient vous dire ça, vous savez que quelque chose est arrivé à quelqu’un. Pour qu’on vous accorde un appel gratuit, c’est forcément grave. Quand on est venu me voir comme ça, je n’ai pas arrêté de me demander : « Qu’est-ce que ma mère va m’annoncer ? Qu’est-ce qui est encore arrivé à quelqu’un ? » Sauf que quand je suis descendu téléphoner, c’est ma sœur qui m’a annoncé ce qui était arrivé à ma mère…
Pendant trois jours, dès que j’avais les yeux ouverts, je pleurais. Quand je ne pleurais pas, j’étais roulé en boule dans un sommeil plein de larmes, pour essayer de fuir cette réalité…
Alors que, depuis trois jours, je restais allongé, ne pouvant ni ne voulant me lever, ma mère m’est apparue aussi clairement que je suis là devant vous et elle m’a dit : « Lève-toi. » À ce moment-là, assis dans cette cellule, je regardais cette image que j’avais voulu lui envoyer, et c’est alors que l’art m’a trouvé… C’est par l’art que j’ai trouvé la liberté, assis dans cette cellule. »