Alors que le Liban vient de célébrer, ce 20 janvier, 17 années de moratoire sur les exécutions, ECPM et ses partenaires publient une mission d’enquête exclusive dans les couloirs de la mort libanais. « Vivants, sans l’être », rédigée par Carole Berrih et Karim El Mufti, met en perspective les nombreux témoignages recueillis par les enquêteurs par rapport au contexte historique, juridique et politique du pays afin d’interpeller l’opinion publique et engager un dialogue avec les autorités.
Ce rapport a été réalisé en partenariat avec l’AJEM (Association Justice et Miséricorde) et la LACR (Association Libanaise pour les Droits Civils). Il est issu d’une enquête réalisée au Liban de juin à septembre 2018 par les travailleurs sociaux, juristes et avocats œuvrant avec l’AJEM. Il se fonde sur les entretiens réalisés avec 53 condamnés à mort dont quatre femmes dans quatre prisons, mais aussi avec des membres de leurs familles, des codétenus, des agents pénitentiaires, des magistrats, des avocats et des anciens condamnés à mort. L’anonymat des détenus rencontrés a été préservé.
La LACR a largement contribué, de par son expertise, à la réalisation de ce rapport. Carole Berrih, directrice de Synergies Coopération et rédactrice de ce rapport, et son co-rédacteur Karim El Mufti ont très justement repris les témoignages recueillis par les enquêteurs pour les intégrer dans une analyse historique, juridique et politique de l’application de la peine de mort au Liban.
Ce rapport s’inscrit dans le cadre de la collection « Missions d’enquête dans les couloirs de la mort » d’ECPM, qui dresse un état des lieux des conditions de vie dans les couloirs de la mort de différents pays du monde. L’objectif est de rendre compte de la réalité de l’application de la peine de mort, pour interpeller l’opinion publique et appuyer le plaidoyer auprès des autorités nationales et de la communauté internationale.
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Vous trouverez dans cette mission d’enquête :
- Une analyse de l’histoire de la peine de mort dans le pays
- Les principales étapes de la procédure pénale et de la procédure de recours en grâce
- Une enquête sur les conditions de détention des personnes condamnées à mort
- Des témoignages de familles de condamnés à mort
- Des informations sur le mouvement abolitionniste au Liban
- Des recommandations adressées à l’État libanais, à la société civile et aux acteurs de la coopération régionale et internationale
Extraits :
« Je suis déjà mort un million de fois. » Bilal, condamné à mort pour meurtre en 1997, détenu à la prison de Roumieh.
« On voit bien l’incertitude dans laquelle vivent les condamnés à mort. On n’applique pas la peine de mort, mais on ne l’annule pas non plus. Est-ce qu’on va les réveiller un jour et leur dire que la peine va être exécutée ? C’est le plus horrible à vivre. Ça donne lieu à une anxiété, à des symptômes dépressifs, à un stress parfois incontrôlable. Ils sont vivants, sans l’être. » Psychologue intervenant en prison.
Prison Centrale du Roumieh ©Haitham Moussawi
RAPPEL DES FAITS
Le Liban observe un moratoire de fait depuis depuis 2004, mais les tribunaux libanais continuent de prononcer des condamnations à mort. Les conditions de détention sont saisissantes dans le pays ayant le plus haut taux d’occupation des prisons du Moyen-Orient (236% en 2019). Au Liban, le nombre de personnes condamnées à mort n’est pas publié par les autorités, l’accès aux prisons (administrées par le Ministère de l’intérieur et le Ministère de la défense nationale) demeure très limité.
ECPM travaille depuis 10 ans au Liban pour accompagner ses partenaires locaux en favorisant le dialogue avec les autorités nationales, en appuyant le plaidoyer auprès des mécanismes régionaux et internationaux de protection des droits de l’homme, en soutenant la défense des condamnés à mort et en plaidant pour l’amélioration de leurs conditions de détention.
Michaël Luzé, Relations Presse
luzemichael@yahoo.fr
Mission d’enquête réalisée :