Parmi ces « visages » se trouvent les témoins, c’est-à-dire les personnes qui ont été directement touchées par la peine de mort, comme les anciens condamnés à mort et leurs proches. Leurs témoignages permettent de mettre en lumière les erreurs du système judiciaire, l’inhumanité des conditions de détention, le phénomène du couloir de la mort, l’exécution de personnes innocentes, la torture psychologique et physique, et toutes formes d’injustice inhérentes à la peine capitale.
D’autres acteurs sont également indispensables pour accompagner et appuyer le travail des témoins. Parmi eux, l’on retrouve évidemment les avocats et les juges qui travaillent en première ligne, au cœur du système judiciaire, au plus près des personnes passibles de la peine de mort. Mais ce ne sont pas les seuls à avoir un fort impact sur la lutte pour l’abolition de la peine de mort. Les journalistes, par exemple, ont également un grand rôle à jouer pour sensibiliser le public à la question de la peine de mort, tout comme les institutions nationales des droits de l’homme (INDH) dont le travail combiné à celui des acteurs de la société civile est également indispensable pour parvenir à changer les politiques relatives à la peine de mort. Enfin, la mobilisation de nouveaux acteurs non-conventionnels, tels que les entreprises, peut également avoir un impact et faire avancer la lutte pour l’abolition de la peine capitale.
Les anciens condamnés à mort, grands témoins de la peine de mort
Comme pour les précédentes éditions, de nombreux témoins étaient présents et ont participé au Congrès mondial de Berlin pour donner une voix aux personnes affectées par la peine de mort et partager avec les participants leurs expériences ainsi que les impacts que la peine capitale a eu sur leur vie.
Yaovi Azonhito – Ex-condamné à mort, membre de l’ACAT Bénin – Bénin
Yaovi Azonhito a été condamné à mort en 1997 et a passé 25 ans dans le couloir de la mort avant de recevoir la grâce présidentielle. Il témoigne, depuis, des atrocités des conditions de détention des personnes condamnées à mort. Il est membre de l’ACAT Bénin.
Antoinette Chahine – Ex-condamnée à mort, militante contre la peine de mort et la torture – Liban
Antoinette Chahine a été accusée d’avoir participé au meurtre d’un prêtre en 1994 et a été arrêtée pour un crime dont son frère, membre des Forces libanaises, pourtant en exil au moment des faits, était accusé par l’État libanais. Elle a été condamnée à mort en 1997, sur le fondement de deux témoignages obtenus sous la torture que les auteurs ont ultérieurement retiré. Après avoir été torturée et emprisonnée pendant cinq ans, elle a été libérée en 1999 grâce à la mobilisation de la société civile internationale et de son avocat. Antoinette a participé à de nombreuses éditions du Congrès mondial contre la peine de mort et milite contre la peine de mort et la torture, notamment en allant à la rencontre d’étudiants et de jeunes détenus.
Mohamed Cheikh Mkhaitir – Ex-condamné à mort – Mauritanie
Mohamed Cheikh Ould Mkhaitir est un blogueur mauritanien condamné à mort pour blasphème et détenu pendant cinq ans et demi, pour avoir critiqué l’utilisation de l’islam pour justifier la discrimination entre les castes en Mauritanie. Mohamed est l’un des nombreux Mauritaniens condamnés ou persécutés pour avoir dénoncé ces formes de discrimination, ainsi que l’héritage de l’esclavage dans le pays. En mai 2018 et juin 2019, des experts des droits humains des Nations unies ont appelé à sa libération et ont exprimé leur inquiétude quant à la détérioration de son état de santé. Mohamed a finalement été libéré en 2019 et a trouvé refuge en France.
Hsieh Chih-hung – Ex-condamné à mort – Taïwan
En 2000, Hsieh Chih Hung a été accusé d’avoir été le complice de Kuo Chun-wei dans un double meurtre et un viol. Il a été condamné une première fois en octobre 2001 et a passé 19 ans dans le couloir de la mort, soutenant que ses aveux lui avaient été extorqués sous la torture. Sept nouveaux procès ont déclaré Hsieh et Kuo coupables et ont confirmé leur condamnation à mort, avant que la Haute Cour de Tainan n’annule cette décision. Le cas de Hsieh Chih Hung est l’un des nombreux cas survenus ces dernières années où des condamnés à mort ont été reconnus coupables et ont été condamnés à la peine capitale sur la base de preuves peu convaincantes et où leur procès a été annulé par la suite.
Ahmed Haou, Ex-condamné à mort, militant pour l’abolition de la peine de mort – Maroc
Ahmed Haou, alors étudiant, a été condamné à mort en 1984 pour atteinte à la sécurité intérieure de l’État après avoir brandi des pancartes contre le régime lors d’une manifestation pacifiste. Sa peine a ensuite été commuée en peine à perpétuité avant qu’il ne soit finalement gracié en 1999, grâce à la pression des organisations internationales. Son seul crime est d’avoir exprimé son opposition au régime, d’avoir exercé son droit à la liberté d’expression. L’histoire d’Ahmed met en évidence l’utilisation de la peine de mort pour réprimer toute opposition, en violation du droit international. En 2021, il a publié un livre témoignage, « Rescapé de la morgue », qui retrace ses dix années dans le couloir de la mort.
Susan Kigula – Ex-condamnée à mort, fondatrice de la Susan Kigula African Child Foundation – Uganda
Susan Kigula a été arrêtée en 2000 et condamnée à mort en 2002 pour le meurtre de son mari, bien qu’elle ait toujours clamé son innocence. Au cours de ses 15 années de prison, elle a fondé une chorale de détenues dans le couloir de la mort et a obtenu un diplôme en droit de l’Université de Londres. En 2009, grâce à un recours qu’elle a porté, la Cour constitutionnelle ougandaise a jugé que la peine de mort obligatoire, l’exécution d’un condamné à mort plus de 3 ans après sa condamnation définitive et l’exécution par pendaison sont contraires à la constitution. Ce jugement historique a réduit le nombre de condamnations à mort et le nombre de personnes dans le couloir de la mort. Depuis sa libération en 2016, Susan Kigula a fondé la Susan Kigula African Child Foundation pour aider les enfants défavorisés.
Keith Lamar – Condamné à mort en Ohio – États-Unis
Keith Lamar a été condamné à mort en 1993 à la suite d’une insurrection au sein de la prison dans laquelle il est détenu et qui a fait plusieurs morts. Désigné par d’autres prisonniers comme l’instigateur de la rébellion, malgré de nombreux témoignages contradictoires, il a été condamné à mort et n’a depuis jamais quitté le couloir de la mort. Au cours de ses années de détention, Keith devient un fervent lecteur, écrit régulièrement, et publie en 2014 l’ouvrage Condemned:The Whole Story. Depuis une dizaine d’années, l’association Justice for Keith Lamar s’efforce de l’aider à raconter son histoire. Le pianiste catalan Albert Marquès entend parler de Keith pour la première fois en 2020. Au cours des mois suivants, les deux hommes se lient d’amitié autour de leur passion commune pour le jazz et organisent un concert de soutien avec des chansons choisies par Keith, qui prendra aussi la parole entre les performances grâce à des vidéos préenregistrées. À la suite du succès du concert, Keith et Albert ont prolongé l’expérience en enregistrant un premier album commun Freedom First en 2022. En accompagnant les paroles de Keith de rythmes jazz, Albert lui offre une plateforme pour exprimer les émotions et réflexions mûries par trente ans passés dans le couloir de la mort, ainsi que par les talents d’écriture développés durant cette période.
Herman Lindsey – Ex-condamné à mort, directeur exécutif de Witness to Innocence – États-Unis
Herman Lindsey a été condamné à mort pour le cambriolage et le meurtre d’un prêteur sur gage en Floride en 1994. En 2009, la Cour suprême de Floride a unanimement décidé qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves à son encontre et qu’il n’avait pas bénéficié d’un procès équitable. Herman a été innocenté après avoir passé trois ans dans le couloir de la mort. Aujourd’hui, il travaille avec des jeunes à risque et s’engage dans la réforme de la justice pénale en tant que directeur de Witness to Innocence, membre du conseil d’administration de Floridians for Alternatives to the Death Penalty et ambassadeur de Represent Justice. Il anime une émission appelée « Cruel Justice » où il interviewe des invités sur des sujets liés à la réforme de la justice pénale et donne des conférences aux États-Unis et à l’étranger.
Joaquin Martinez – Ex-condamné à mort, membre de Witness to Innocence – États-Unis
Joaquin Martinez a été acquitté après avoir passé quatre ans en prison pour un double meurtre qu’il n’a pas commis. Lors de son nouveau procès, des témoins clés ont changé leur version et retiré leur témoignage et ont tous admis que les détectives les avaient corrompus. De plus, une preuve essentielle – une cassette audio de déclarations prétendument incriminantes – a été jugée inadmissible. La cassette était tellement inaudible que le premier jury avait reçu une transcription, modifiée par le père de la victime, alors responsable de la salle des preuves du bureau du shérif. Lors du nouveau procès, Joaquin a été acquitté de toutes les charges. Son cas a attiré l’attention internationale : y compris celle du pape, du roi d’Espagne et du Premier ministre espagnol de l’époque. Joaquin vit maintenant en Espagne et milite pour l’abolition de la peine de mort à l’échelle mondiale.
Juan Melendez – Ex-condamné à mort, membre de Witness to Innocence – États-Unis
Juan Roberto Meléndez-Colón a passé 17 ans, huit mois et un jour dans le couloir de la mort de Floride pour un crime qu’il n’avait pas commis avant d’être innocenté en 2002. Juan, qui n’avait pas les moyens de se payer un avocat, a été condamné à mort en une semaine, même s’il n’y avait pas de preuves physiques contre lui. Sans la découverte fortuite d’une transcription de l’aveu enregistré du véritable meurtrier 16 ans après la condamnation de Juan à mort, il aurait presque certainement été exécuté. Depuis sa libération, Juan a partagé son histoire avec des dizaines de milliers de personnes aux États-Unis, au Canada et en Europe. Son histoire est présentée dans le documentaire acclamé internationalement, Juan Meléndez 6446.
Debra Milke – Ex-condamnée à mort, membre de Witness to Innocence – États-Unis
Debra Milke a passé 22 ans dans le couloir de la mort pour un crime qu’elle n’a pas commis. En 1989, son monde s’est effondré lorsque son fils de quatre ans a été retrouvé mort après être allé au centre commercial avec un ami voir le Père Noël. Elle a été arrêtée, interrogée, accusée du meurtre de son propre enfant et condamnée à mort sur la base de faux témoignages et d’une justice biaisée. Debra a lutté pour sa liberté pendant plus de 20 ans, à étudier le droit, à lire des documents juridiques et à chercher un nouvel avocat. Enfin, en 2013, la Cour d’appel du 9e circuit a annulé sa condamnation. Malgré cette victoire, la douleur de la perte de son fils persiste. Elle continue à se battre contre la peine de mort et milite pour que personne ne soit jamais soumis à une telle injustice.
Ndume Olatushani – Ex-condamné à mort – USA
Ndume Olatushani, condamné à mort dans le Tennessee en 1985 pour le meurtre d’un épicier lors d’un braquage, a passé 28 ans en prison dont 20 dans le couloir de la mort, dans une cellule où il ne pouvait pas tendre les bras, 23h par jour. Quand il en sortait, il avait des chaînes aux pieds, « attaché comme un monstre imaginaire… », décrit-il. L’art l’a aidé à survivre, lui a donné de l’espoir, une raison de se lever et de ne pas baisser les bras. Après 20 ans de combat pour prouver son innocence, les autorités du Tennessee lui ont proposé de recourir au plaidoyer Alford, permettant au condamné de renoncer à son acquittement officiel en l’échange de sa remise en liberté immédiate. Ndume a accepté mais a perdu son droit de vote ainsi que son droit à la réparation pour les 28 années passées en détention alors qu’il était innocent.
Pete Ouko – Ex-condamné à mort, fondateur et directeur exécutif de « Crime Si Poa » – Kenya
Pete Ouko a été condamné à mort pour le meurtre de sa femme en 2001, alors qu’il était père de deux enfants en bas âge. Il a passé près de 18 ans dans le couloir de la mort, où il a témoigné de la difficulté de survivre dans l’attente de son exécution. Il a été gracié en 2007 et libéré en 2016. Depuis, il s’est investi dans la défense des droits des prisonniers, en fondant et dirigeant l’association Youth Safety Awareness Initiative. Pete se bat également pour découvrir la vérité sur le meurtre de sa femme afin que ses enfants et lui puissent aller de l’avant. Depuis 2007, il a créé « Crime Si Poa », une organisation visant à soutenir et offrir une formation professionnelle et civique à de jeunes Kenyans pour prévenir la criminalité ou la récidive. L’organisation offre également un centre de ressources pour les anciens détenus où ils peuvent débuter une activité et recommencer leur vie.
Ron Wright – Ex-condamné à mort, membre de Witness to Innocence – États-Unis
Ralph « Ron » Wright Jr. était un sergent de l’armée de l’air et un shérif adjoint du comté d’Orange qui a injustement passé trois ans en détention. Ron a été accusé du meurtre d’une femme et de son jeune fils en 2007. Malgré l’absence de preuves physiques, d’arme ou de témoignage incriminant Ron, il a été condamné sur la base d’un motif potentiel et d’une opportunité. En 2017, la Cour suprême de Floride a déclaré que toutes les preuves contre lui étaient purement circonstancielles. Il a été acquitté du meurtre et est devenu le 27ème personne à être exonérée de la peine de mort en Floride. Ron vit maintenant en Floride et se bat pour l’abolition de la peine de mort.
Firmin Yangombi, Ex-condamné à mort, avocat à Cour pénale internationale et président de l’ONG Paix sur terre – République démocratique du Congo
Firmin Yangambi, ancien prisonnier politique, est un avocat et activiste des droits humains. En 2010, il avait été condamné à mort pour « détention illégale d’armes de guerre et tentative d’organisation d’un mouvement insurrectionnel » puis à 20 ans de prison en appel pour « formation d’un mouvement insurrectionnel ». Firmin a toujours contesté ces accusations. Il a finalement bénéficié de la grâce présidentielle en mars 2019 après dix ans de prison mais est encore victime de harcèlement judiciaire. En effet, son élection en qualité de bâtonnier du barreau de la Tshopo a été annulée au motif d’inéligibilité après condamnation pénale. Aujourd’hui, Firmin Yangambi dit craindre pour sa vie en raison des nombreuses pressions qu’il subit, mais il continue de lutter pour la justice et les droits humains.
Le condamné à mort et son avocat : une intimité singulière
La relation entre un avocat et un client est toujours unique et complexe. Dans les affaires de peine de mort, cette relation a des effets d’autant plus considérables dans la mesure où elle peut sauver une vie. Mais c’est justement dans les affaires de peine capitale que le développement et le maintien d’une bonne relation peuvent s’avérer difficiles, voire impossibles. En effet, de nombreux gouvernements isolent les personnes passibles de la peine de mort des autres personnes détenues et de leurs proches, de sorte que leur avocat est parfois leur seul lien avec le monde extérieur. Les personnes condamnées à mort sont également souvent soumises à des formes de torture psychologique et détenues dans des conditions extrêmement difficiles. Dans ce cadre, établir une relation de confiance peut s’avérer être un réel défi, qui nécessite une bonne communication, un grand professionnalisme, beaucoup de respect et surtout d’humanité.
Cette intimité singulière était au cœur de la soirée organisée par ECPM au Congrès de Berlin et parrainée par le Barreau de Paris. Après des mots d’introduction des administrateurs d’ECPM, Richard Sedillot et Edmond-Claude Frety, et de la bâtonnière du Barreau de Paris, tous les trois avocat·es, la soirée s’est articulée autour des témoignages de « couples » d’avocat·es et de leur client·e (ou de membre de la famille de leur client). Les trois groupes d’intervenant·es, venu·es de RDC, de Malaisie et des États-Unis, ainsi que le discours de clôture de Fatima M’Baye, ont permis de mettre en lumière les particularités de la relation entre les personnes condamnées à mort et leur avocat·e, les difficultés auxquelles cette relation est confrontée mais aussi le courage, l’espoir et l’amitié que celle-ci génère. Des interludes musicaux interprétés par Diana Ezerex et The Mondëna Quartet ont également ponctué cette soirée intense et émouvante.
Soirée cinéma : L’État du Texas contre Mélissa
Une projection du film L’État du Texas contre Melissa, un documentaire réalisé en 2020 par Sabrina Van Tassel a été organisé le 16 novembre 2022 au Babyloan cinéma à Berlin. Le film suit le cas de Melissa Lucio, une femme texane qui a été la première femme d’origine hispanique au Texas à être condamnée à mort. Il a été sélectionné pour le festival du film de Tribeca en 2020 et a remporté le prix du meilleur documentaire au festival du film Raindance.
De gauche à droite : Christiane Taubira, ancienne garde des Sceaux, Sabrina Van Tassel, Réalisatrice, Aminata Niakate, Présidente d’ECPM.
Melissa Lucio est dans le couloir de la mort depuis 2007, après avoir été condamnée pour les sévices et le meurtre d’un de ses enfants. Le 25 avril 2022, Melissa Lucio s’est vu accorder un sursis d’exécution par la Cour d’appel pénale du Texas. Elle reste dans le couloir de la mort mais ne risque plus une exécution imminente. La projection a été suivie d’une séance de questions-réponses avec John Lucio, le fils de Mélissa, Sabrina Van Tassel, la réalisatrice, Christiane Taubira, ancienne ministre française de la Justice et Aminata Niakaté, Présidente d’ECPM. Le public était au rendez-vous ce soir-là pour visionner ce film bouleversant, révélateur des discriminations raciales et sociales dans le système pénal au Texas et de l’instrumentalisation de la peine de mort à des fins politiques.
Here’s to you ou l’hymne de notre mobilisation
L’art est une manière puissante de porter la voix abolitionniste : c’est le ton donné à l’hymne « Here’s to you », qui a sonné l’ouverture officielle du Congrès dans l’auditorium comble de la Pierre Boulez Saal.
Cette chanson, composée par Joan Baez et Ennio Moricone en 1971 en hommage aux deux anarchistes italiens Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti injustement condamnés à mort puis exécutés en 1927, est un réel hymne de la défense des droits civiques. Le 8e Congrès mondial l’a remis à l’honneur : sur une interprétation originale de 66 musicien·nes du monde entier, réuni·es dans une « Symphonie sans frontières » du compositeur Valentin Vander, tous et toutes et joué et chanté pour honorer le souvenir des victimes de la peine de mort dans le monde entier. Un refrain chargé de mémoire et d’appel à l’action qui continuera de résonner pour fédérer le mouvement abolitionniste à travers le monde.