Victime d’une injustice
C’est en 1985 que Ndume Olatushani voit sa vie basculer lorsqu’il est condamné à mort dans le Tennessee pour le meurtre d’un épicier lors d’un braquage, qu’il n’a pas commis. Il a passé 28 ans en prison dont 20 dans le couloir de la mort, dans une cellule où il ne pouvait pas tendre les bras, 23h par jour. Après tant d’années de combat pour prouver son innocence, les autorités du Tennessee lui ont proposé de recourir au plaidoyer Alford, permettant au condamné de renoncer à son acquittement officiel en l’échange de sa remise en liberté immédiate.
Pendant sa détention, Ndume s’est tourné vers l’art pour survivre. Il se définit d’ailleurs lui-même comme un artiviste. Persuadé qu’un jour il serait libre, il a développé une résilience sans faille. Aujourd’hui, il parcourt les écoles et les prisons aux États-Unis et ailleurs dans le monde pour raconter son histoire et sensibiliser la société civile aux questions de l’abolition, du racisme systémique et des conditions carcérales étasuniennes.
Mener le combat abolitionniste avec ECPM
Depuis plusieurs années, ECPM accompagne Ndume Olatushani lors d’interventions scolaires dans tout le pays. Suivant la méthodologie pédagogique d’ECPM, ces séances de sensibilisation se déroulent en deux temps : Un apport de connaissances et d’informations factuelles suivi du témoignage qui permet d’incarner la thématique.
Cet automne, c’est donc devant huit classes qu’il a partagé sa douloureuse histoire. Il était aussi présent sur les événements forts de la rentrée d’ECPM : le Forum Mondial Normandie pour la Paix à Caen, une conférence devant les étudiants de l’école de droit de Clermont-Ferrand, une intervention en milieu carcéral en partenariat avec l’association Albin.
À l’occasion du mois de l’abolition et en prévision de la Journée mondiale contre la peine de mort du 10 octobre, Ndume a participé aux premières Rencontres d’ECPM en compagnie de Sandrine Ageorges-Skinner, membre du CA de notre association. Cette soirée, qui avait pour thème « Présidentielle américaine : la peine de mort toujours en débat », a permis de discuter de la situation de la peine de mort aux États-Unis, devant une audience particulièrement jeune. À l’approche du vote du 5 novembre prochain, de nombreuses questions se bousculaient chez les participants : Quel est le positionnement du Parti démocrate et Kamala Harris sur l’utilisation de la peine de mort ? Joe Biden effectuera-t-il une action avant la fin de son mandat ? Quels sont les risques pour le combat abolitionniste si Donald Trump est réélu ? Quel est le positionnement de l’opinion publique sur l’application de la peine capitale ?
L’impact d’un témoignage émouvant
L’un des principaux objectifs d’ECPM est la sensibilisation de la société civile aux droits humains et à la question de l’abolition. Pour ce faire, la présence d’un témoin tel que Ndume est plus qu’un privilège. Avec son parcours vers la liberté long et fastidieux, il ne cesse de partager son histoire pour sensibiliser le plus grand monde à l’injustice.
Lors des échanges avec les élèves du secondaire, les sujets abordés étaient principalement ses conditions de vie en détention et son cheminement spirituel et personnel, empreint d’une résilience certaine. Suscitant à la fois curiosité et admiration, son témoignage a captivé et sensibilisé de nombreux·ses élèves.
Devant les étudiant·es de l’Université de Clermont-Ferand, futurs juristes pour la plupart, Ndume a souhaité mettre l’accent sur les dysfonctionnements et le racisme systémique qui gangrènent le système judiciaire américain. De même, il a incité les jeunes à prendre conscience de l’impact que pourra avoir leur futur métier et à cultiver leurs compétences pour un jour venir en aide à des personnes victimes d’injustice comme lui.
Enfin, en milieu carcéral, son message concernait principalement la notion de réinsertion. Il a insisté sur l’importance d’apprendre et se cultiver en prison. Par exemple, en plus de développer une pratique artistique, il a étudié le droit durant sa détention. Ses initiatives, empreintes d’espoir et de volonté de s’en sortir, ont particulièrement touché les détenu·es présents ce jour-là à Riom.
Tristesse, compassion et admiration, le passage de Ndume Olatushani a provoqué de nombreuses émotions et pour sûr a parfaitement illustré l’importance de poursuivre le combat abolitionniste.