Les congrès régionaux : avancer localement pour progresser globalement
Afin de préparer au mieux les congrès mondiaux, les congrès mondiaux sont précédés d’un congrès régional permettant de focaliser l’attention sur une région particulière du globe : en 2012 à Rabat (Maroc), en 2015 à Kuala Lumpur (Malaisie) puis en 2018 à Abidjan (Côte d’Ivoire). Le congrès régional de 2021 n’a pas pu avoir lieu en raison de la pandémie de Covid-19 : il est désormais prévu en juillet 2023 à Amman (Jordanie).
Après le Maroc (2012), la Malaisie (2015) et Abidjan (2018), c’est en Jordanie que se sont dirigées les équipes d’ECPM et leurs partenaires pour organiser le quatrième congrès régional sur la peine de mort : l’occasion de mettre l’accent sur le Moyen-Orient, région du monde en tension, pour approfondir les enjeux spécifiques liés à l’abolition de la peine capitale. Au moins 200 participant·es d’une quinzaine de pays étaient au rendez-vous : Bahreïn, Égypte, Irak, Iran, Jordanie, Koweït, Liban, Oman, Syrie, Palestine, Qatar, Arabie saoudite, Turquie, Émirats arabes unis et Yémen.
Alors que 148 pays ont aboli la peine de mort en droit ou en pratique à l’échelle mondiale et qu’un nombre décroissant de pays rétentionnistes pratiquent les exécutions, l’abolition de la peine capitale est aujourd’hui une tendance mondiale. Les pays qui pratiquent encore la peine de mort sont de moins en moins nombreux à procéder à des exécutions. Le Moyen-Orient n’est pas en reste dans cette dynamique mondiale, puisque des pays comme la Turquie, le Liban et la Jordanie n’ont procédé à aucune exécution ces dernières années, ouvrant ainsi la voie à l’abolition. L’événement visait à soutenir le travail de la société civile, encourager la collaboration sur l’abolition de la peine de mort et relayer la voix des personnes condamnées à la peine capitale.
Les Congrès mondiaux : un rendez-vous incontournable
Les Congrès mondiaux d’ECPM visent à dresser un état des lieux des avancées et des difficultés qui jalonnent le chemin vers l’abolition universelle. Ils sont l’occasion unique de réunir les acteurs et actrices de l’abolition qui, aux niveaux locaux, régionaux et internationaux, sont en mesure de contribuer efficacement à faire disparaître la peine de mort des arsenaux judiciaires et législatifs : militant·e·s, avocat·e·s engagé·e·s dans la défense de condamné·e·s à mort, dirigeant·e·s politiques ou diplomates, parlementaires, ancien·ne·s condamné·e·s à mort et familles de victimes.
En vingt ans, les Congrès mondiaux sont devenus le rendez-vous incontournable des abolitionnistes du monde entier. Tous les trois ans, elles et ils se retrouvent dans une ville différente pour faire progresser l’abolition universelle : en 2004 à Montréal (Canada), en 2007 à Paris (France), en 2010 à Genève (Suisse), en 2013 à Madrid (Espagne), en 2016 à Oslo (Norvège), en 2019 à Bruxelles (Belgique), puis en 2022 à Berlin (Allemagne).
Ce grand rassemblement triennal contribue incontestablement à faire valoir la notion d’appartenance à un mouvement mondial, surtout auprès des membres de la société civile les plus isolé·es qui militent le plus souvent dans les pays rétentionnistes. Beaucoup d’entre elles et eux témoignent de la dynamique insufflée par les Congrès pour poursuivre leurs efforts, grâce aux conseils et bonnes pratiques collectés au sein de la communauté abolitionniste structurée en un réseau interactif.
À propos du dernier Congrès mondial à Berlin : se réunir de nouveau, enfin
Le 8e Congrès mondial contre la peine de mort s’est déroulé à Berlin du 15 au 18 novembre 2022 : plus de d’un millier de participant·e·s venant de 90 pays se sont retrouvé·es dans la capitale allemande pour le plus important rendez-vous des abolitionnistes. Durant quatre jours, politiques, activistes, citoyens et citoyennes engagé·e·s ont débatu autour des grandes thématiques concernant la situation de la peine de mort dans le monde.
De nombreux grands témoins, des ancien·ne·s condamné·e·s à mort et des personnalités de la société civile sont intervenu·es dans différents lieux de la ville dont le Radial System, centre névralgique de la culture berlinoise, qui a accueilli le village de l’abolition, des ateliers, des débats ou encore des conférences. Une pluralité d’activités et d’acteur·ice·s lié·e·s par un objectif commun : renforcer la lutte pour l’abolition universelle de la peine de mort.
Parmi les sujets inédits de cette année, la mobilisation de la jeunesse mondiale, celle du secteur privé, ainsi que l’analyse des enjeux régionaux contemporains et bien d’autres à retrouver dans notre programme académique.
#AbolitionNowTour : assurer la relève
Depuis plus de vingt ans, les Congrès mondiaux donnent aux acteur·ices de l’abolition la possibilité de se fédérer pour préparer le combat de demain. À chaque Congrès mondial, ECPM innove afin que de nouveaux publics s’approprient la question de la peine de mort : à Madrid, en 2013, le rôle des parlementaires était mis à l’honneur ; à Oslo, en 2016, les institutions nationales des droits de l’homme (INDH) étaient pour la première fois impliquées ; à Bruxelles, un nouveau débat avec le secteur privé et le monde des affaires a été entamé. Lors de la dernière édition à Berlin, ECPM a donné la parole à la jeune génération, pilier de la future abolition universelle.
ECPM a donc parcouru six pays rétentionnistes d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient à la rencontre des jeunes abolitionnistes. Ateliers, outils, échanges de bonnes pratiques… la relève est assurée !