Au cours de ces deux jours, 18 intervenant·e·s ont partagé leurs savoirs et expériences au sein du Centre européen de la Jeunesse devant une salle comble composée des futur·e·s acteurs·rices de l’abolition universelle de la peine de mort.
Christos Giakoumopoulos, directeur général droits humains et État de droit au Conseil de l’Europe, Marie Fontanel, Ambassadrice, Représentante permanente de la France au Conseil de l’Europe et Nicolas Perron, directeur des programmes d’ECPM, se sont ainsi partagés la chaire pour formaliser la cérémonie d’ouverture de cette première édition de la formation « La mort n’est pas la justice ». Si plusieurs rappels ont été fait sur l’inquiétude de la résurgence de la peine de mort dans de nombreux pays, c’est surtout beaucoup d’espoir et de fierté qui sont ressortis des différents discours, rappelant à cette première promotion que toutes et tous représentent l’avenir de la cause abolitionniste.
Des conférences et activités sur l’abolition de la peine de mort en Europe et sur la peine de mort dans le monde ont ensuite rythmé la matinée. Sergey Dikman, conseiller juridique et responsable d’unité au Conseil de l’Europe, Solène Paloma, chargée de projets éducation à ECPM, Aymeric Elluin, chargé de plaidoyer pour Amnesty international France et le Juge à la Cour Européenne des droits de l’Homme Latif Hüseynov se sont succédé·e·s pour aborder ces différentes thématiques.
À l’occasion du mois des fiertés, la thématique « Minorités sexuelles, discriminations fondées sur le genre et la peine de mort » fut elle aussi abordée lors de cette première journée. Suite aux présentations par Laure Boukabza, responsable du programme Education à ECPM, de la campagne S’aimer n’est pas un crime ainsi que du rapport « 10 questions pour mieux comprendre la peine de mort pour les personnes LGBTQIA+ », Edward Mutebi, défenseur des droits de l’Homme, activiste LGBTQIA+ et fondateur de l’organisation Let’s Walk Uganda, a réagi à l’adoption de la loi rendant l’homosexualité passible de peines allant de 20 ans de prison à la peine de mort et expliqué le rôle des activistes dans cette lutte contre le regain de la peine de mort en Ouganda et dans le reste du monde.
La journée fut clôturée par les interventions de Mehdi Faiez, chargé de production pour Prison Insider, sur les conditions de détention des condamné·e·s à mort et de Joaquin José Martinez, ancien condamné à mort aux Etats-Unis. Condamné à la peine capitale pour un double meurtre puis acquitté après avoir passé plus de 3 ans dans le couloir de la mort, Joaquin José Martinez a partagé avec l’assemblée son expérience du couloir de la mort et sa profonde émotion de voir la jeunesse s’engager sur cette thématique : « Si j’ai l’habitude de raconter mon histoire, je le fais habituellement devant des publics qu’il faut convaincre. Ici, vous l’êtes déjà, et je suis ému de voir qu’autant de jeunes sont engagés sur cette thématique et que l’abolition universelle se rapproche grâce à vous ». Sa femme, Jessica Llorens Cortes, été également présente pour l’accompagner et apporter la vision des proches de condamné·e·s à mort.
Le vendredi, la formation s’est poursuivie par l’intervention conjointe de Maîtres Sandrine Dacga et Richard Sédillot qui ont partagé leurs expériences d’avocat·e·s de condamné·e·s à mort et qui ont également expliqué l’importance du rôle de l’avocat·e dans le processus abolitionniste.
Glenn Payot, consultant auprès des Nations Unies, chargé de plaidoyer ONU pour la Coalition Impact Iran et représentant de Minority Rights Group International auprès de l’ONU, a ensuite présenté les différentes méthodes de plaidoyer, pour que les 35 jeunes puissent ensuite les mettre en application lors du jeu de rôle du vote de la résolution des Nations Unies appelant à un moratoire universel sur l’application de la peine de mort.
La dernière session de la journée fut consacrée à la sensibilisation à l’abolition de la peine de mort à travers l’art. Amelia Inglis, étudiante en doctorat de droit et initiatrice de l’exposition « Voices from death row » est venue expliquer le processus de création de son exposition aux jeunes citoyen·ne·s européen·ne·s. Cette session fut également l’occasion d’annoncer les résultats du concours Dessine-moi l’abolition et de profiter des 50 affiches lauréates qui furent exposées au sein du Centre européen de la Jeunesse pour l’occasion. Pour la première fois de l’histoire du concours, un prix de la jeunesse a également été décerné par les jeunes participant à la formation « La mort n’est pas la justice » à Issa Samba de l’Institut des beaux-arts de Kisangani en République démocratique du Congo.
C’est finalement Marta Saraiva, Représentante permanente adjointe à la Mission du Portugal auprès du Conseil de l’Europe, Sebastien Potaufeu, Représentant permanent adjoint à la Mission de la France auprès du Conseil de l’Europe et Sergey Dikman qui se sont chargés de clôturer ces deux jours de formation au plaidoyer et à la sensibilisation à l’abolition de la peine de mort avec la promesse que cette première édition ne serait pas la dernière !