Le pôle Éducation présent pour sensibiliser les jeunes
Le Forum accueille des milliers de lycéen·nes de toute la région Normandie et offre l’opportunité de découvrir le travail de nombreuses organisations pour les droits humains. Ainsi, l’équipe ECPM a échangé avec plusieurs classes grâce à divers outils : jeux, supports interactifs et imprimés. Ces échanges sur la base d’une pédagogie active permettent aux jeunes de découvrir ou mieux comprendre la thématique de l’abolition ainsi que d’ouvrir la discussion sur le sujet de la peine de mort.
La thématique du Forum se concentrant sur les nouvelles violences, l’objectif de l’équipe ECPM était d’expliciter plusieurs aspects de la peine capitale. Notamment son côté discriminatoire, son affiliation à la torture, la violence des méthodes d’exécution utilisées et le traumatisme qu’elle génère chez les condamné·es et toutes les personnes liées au processus d’exécution. Les échanges au stand portaient également sur l’actualité des états où une escalade des conflits a mené à la fin d’un moratoire (République démocratique du Congo) et à l’explosion du nombre d’exécutions (États-Unis et Iran).
Ndume Olatushani : grand témoin et défenseur de la liberté
Ndume Olatushani, artiviste et ancien condamné à mort américain, accompagné par ECPM, est intervenu à plusieurs reprises lors du Forum pour raconter son histoire.
Tout d’abord lors d’un temps fort du Forum à l’occasion de la plénière « Protéger les défenseur·ses de la liberté ». Chacun leur tour, Chirinne Ardakani, Bertha Zúñiga Cáceres, Édouard Perrin, Olivier Vandecasteele et Ndume Olatushani ont livré leur témoignage. Malgré les obstacles, ces défenseur·ses de la liberté, qu’ils et elles soient humanitaires, journalistes, écologistes ou avocat.es se sont battu.es pour les droits humains et la justice. Ce fût un moment fort en émotion, de par la réalité poignante de leurs expériences respectives et de la dimension inspirante de leurs histoires pour les jeunes présent.es dans la salle. En outre, les risques auxquels ces témoins se trouvent confronté.es dans leur engagement ont été abordés : menaces, emprisonnement, torture voire même assassinat. Ces dangers ont une conséquence directe sur la vie des activistes, nécessitant une revalorisation et un certain accompagnement avant, pendant et après leurs actions.
Dans le cas de Ndume Olatushani, après plus de 20 ans de combat pour prouver son innocence, les autorités du Tennessee lui ont proposé de recourir au plaidoyer Alford, permettant au condamné de renoncer à son acquittement officiel, une indemnité financière et quelconque aide à la réinsertion en l’échange de sa remise en liberté immédiate. La possibilité de réinsertion et d’un après les couloirs de la mort étant généralement des non-sujets lorsque le sujet de la peine capitale est abordée avec la société civile.
Enfin, Ndume est intervenu une seconde fois dans le studio Agora, espace en partenariat avec Ouest-France, devant un groupe d’élèves captivé.es par son témoignage. L’occasion pour ces lycéen·nes de mieux comprendre les enjeux de la lutte pour l’abolition universelle et l’aspect discriminatoire de la peine capitale. À l’orée des élections présidentielles étasuniennes, les questions autour de la situation de la peine de mort dans les programmes des deux camps ont pu être abordées. Les élèves étaient particulièrement curieux·ses de connaître l’opinion de Ndume Olatushani sur le système judiciaire américain et son rapport à l’injustice qu’il a vécu.
Exemple flagrant du racisme systémique présent dans la société et la justice américaine, son histoire a ému et questionné les lycéen·nes présent.es qui ont souhaité comprendre son parcours et sa résilience sans faille. L’aspect spirituel et émotionnel de son histoire a été longuement abordé également. Il a insisté sur la notion d’humanité qu’il n’a jamais perdue de vue, grâce à sa famille et les personnes qui l’ont accompagné, il dit d’ailleurs à ce sujet :
« Malgré nos différences, nous avons plus de choses en commun que ce que nous croyons. Perdre de vue cette idée c’est aussi perdre son humanité. »
Cet échange fût aussi l’occasion pour lui de les sensibiliser aux conditions carcérales et à la dimension économique de l’industrie qu’est le système d’enfermement étasunien. Ce dernier étant subit principalement par les minorités ethniques et raciales.