Malgré le coronavirus, des condamnations à mort continuent d’être prononcées… virtuellement. Le Nigéria et Singapour ont en effet utilisé Zoom, un logiciel de téléconférence qui avait permis de faciliter les échanges durant le confinement.
3h d’audience via zoom
Le 4 mai, Olalekan Hameed, un nigérian a été condamné à la pendaison par le juge de Lagos Mojisola Dada, pour le meurtre de la mère de son employeur, en décembre 2018. L’audience, suivie par des avocats, dont le procureur général, et certains journalistes sélectionnés, a duré près de trois heures. « Que le Seigneur ait pitié de votre âme. C’est le jugement virtuel du tribunal », a ajouté le juge.
Un procédé qui a fait réagir, qualifié de « cruel et inhumain » par Human Rights Watch, le directeur d’Amnesty International Nigeria, Osai Ojigho doute de la validité de la procédure. « Pouvons-nous dire que justice a été rendue dans ce cas ? Le public a-t-il eu accès à cette session ? Ça vaut la peine d’explorer si les processus qui ont conduit à la séance virtuelle ont suivi le principe de la justice naturelle et d’une affaire équitable. »
Fin avril, la présidence nigériane a appelé à tenir « des procès rapides pour décongestionner les prisons dans le pays dans le contexte de la pandémie de Covid-19 ». « Selon le président Buhari, d’après les données disponibles, la population carcérale au Nigeria s’élève à 74.127 personnes détenues, et 52.226 d’entre elles sont toujours dans l’attente de leur procès », selon un communiqué de la présidence du 21 avril. Les organisations de surveillance des droits de l’Homme estiment à 2000 le nombre de personnes détenues dans les couloirs de la mort au Nigeria, sept condamnés ont été exécutés ces dix dernières années.
Réception du verdict via zoom
Quinze jours plus tard, le 20 mai, Punithan Genasan, un malaisien est condamné à mort par pendaison, à Singapour, via un appel zoom, à cause de sa participation dans un trafic de drogues.
Contrairement à Olalekan Hameed, Punithan Genasan n’a pas été jugé via zoom, mais a reçu son verdict. Jamais, la peine capitale n’avait été prononcée au cours d’une audience à distance, a souligné la Cour suprême. Son avocat ne s’oppose pas à cette méthode dès lors que l’appel était seulement pour recevoir le verdict et pas pour la présentation de d’autres arguments légaux.
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Human Rights Watch a de nouveau condamné cette utilisation de la technologie : « La peine de mort est par essence cruelle et inhumaine, et c’est encore pire quand Singapour utilise une technologie comme Zoom pour condamner un homme à mort », souligne le directeur adjoint de l’organisation pour l’Asie, Phil Robertson. « C’est incroyable que le parquet et le tribunal soient aussi insensibles et qu’ils ne comprennent pas qu’un homme menacé de la peine de mort a le droit de comparaître devant la cour pour voir l’accusation » a-t-il conclu.
La société technologique californienne Zoom n’a pas répondu immédiatement à une demande de commentaires formulée par l’intermédiaire de ses représentants à Singapour.