ECPM travaille en Malaisie depuis 2008 pour soutenir et fédérer les différentes parties prenantes abolitionnistes. Depuis 2017, ECPM mène un projet en partenariat avec ADPAN, le Réseau asiatique contre la peine de mort, afin de dynamiser l’action collective et le plaidoyer en faveur de l’abolition auprès des autorités nationales à travers l’organisation de conférences et d’ateliers de travail et de sensibilisation. Le projet vise également à former et renforcer les stratégies juridiques des avocats représentant des personnes passibles de la peine de mort.
La situation des condamné·es à mort
Malgré un moratoire sur les exécutions déclaré en juillet 2018, les tribunaux continuent de prononcer des condamnations à mort. Le nombre d’individus dans le couloir de la mort a continué d’augmenter entre 2018 et 2020. Lors d’une enquête parlementaire en juin 2020, le Département des prisons a déclaré que les prisons malaisiennes détenaient 1 314 condamné·es à mort, soit 33 de plus qu’en octobre 2018.
La loi malaisienne maintient les condamné·es à mort dans un état d’isolement prolongé. Ces conditions de détention et ce traitement ont été qualifiés de dégradants et d’inhumains, voire d’équivalents à la torture, tant par le Comité des droits de l’homme des Nations Unies que par le Rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.
« Je suis vieille et je n’ai pas beaucoup de temps à vivre. Je souhaite simplement que nous puissions avoir des informations sur l’état d’avancement de la demande de grâce. »
Rina, la mère d’un homme détenu depuis 2003, dans la mission d’enquête Isolement et désespoir » (2020)
Les condamné·es à mort restent 23 heures par jour dans leur cellule. Les proches peuvent soit leur rendre visite 45 minutes une fois par semaine ou leur adresser une lettre, mais ils ne sont pas autorisés à faire les deux. Dans certains établissements, les prisonnièr·es passent leur temps réglementaire de 45 minutes à l’extérieur dans un hall, renonçant à l’air frais qu’ils et elles pourraient recevoir lors d’activités extérieures. Il n’y a aucune activité à part quelques interventions d’organisations religieuses. La barrière de la langue aggrave l’isolement des détenu·es étrangères, qui représentent 41% des condamné·es à mort : les discussions avec les intervenants religieux sont souvent exclusivement en malais, et les livres en langue étrangère ne sont pas autorisés.