Retour sur les faits
Arrivé en septembre 2005 en Indonésie et embauché comme soudeur de machines dans une usine d’acrylique à Jakarta, Serge Atlaoui – ainsi qu’une trentaine de personnes dont un néerlandais et cinq chinois – a été arrêté en novembre 2005 à la suite d’une descente de police dans ce qui était, en fait, un laboratoire clandestin. Serge Atlaoui n’avait jamais été informé de l’usage illicite qui devait être fait de la machine sur laquelle il lui avait été demandé de travailler.
Condamné en 2006 à la réclusion criminelle à perpétuité pour trafic de drogue en première instance puis en appel, l’affaire prend un tournant radical lorsqu’en mai 2007, à l’issu du recours en cassation initié par l’accusation, Serge Atlaoui est condamné à la peine capitale. Le même sort est réservé au ressortissant néerlandais. Tous deux sont alors incarcérés sur l’ile de Nusakambangan, au sud de l’île de Java. Son collègue néerlandais décède en détention.
En janvier 2015, le président indonésien nouvellement élu, Joko Widodo, rejette la demande de grâce présidentielle déposée par Serge Atlaoui. Le parquet général confirme ce jour-là qu’il a établi une liste de onze condamnés à mort sans préciser qui était concerné.
Le 21 avril, la Cour suprême refuse de réviser le procès de Serge Atlaoui, estimant qu’il n’y avait pas de nouveaux éléments et deux jours plus tard, « ordre est donné par les autorités indonésiennes de préparer plusieurs exécutions dont celle de Serge Atlaoui » dans les prochaines heures.
Mercredi 29 avril 2015, huit condamnés à mort sont exécutés pour trafic de drogue. Deux
Australiens (Andrew Chan et Myuran Sukumaran), trois Nigérians (Sylvester Nwolise, Okwudili Oyatanze, Raheem Salami), un Ghanéen (Martin Anderson), un Brésilien (Rodrigo Gularte) et un Indonésien (Zainal Abidin) ont été fusillés peu après minuit.
Les noms de Serge Atlaoui et Mary Jane Veloso, originaire des Philippines, ont été retirés au dernier moment de la liste des exécutions. Officiellement, Serge Atlaoui a obtenu ce sursis grâce à un dernier recours administratif déposé le 25 avril par son avocate pour contester le rejet de sa grâce présidentielle. Celui-ci sera rejeté par la Cour administrative de Jakarta.
A la suite de plusieurs changements de lieux de détention, Serge Atlaoui se trouve actuellement dans la prison de Salemba, à Jakarta.
État de la peine de mort en Indonésie
Mobilisation et campagne ECPM
En février 2015, ECPM a initié une campagne de mobilisation internationale pour sauver Serge Atlaoui et les condamnés à mort en Indonésie.
Après un double rassemblement citoyen, organisé à Paris et à Metz le 24 mars, ECPM a lancé un appel aux dons afin de prendre en charge les frais liés à la procédure judiciaire.
Le 25 avril 2015, un rassemblement citoyen a eu lieu à Beaubourg auquel s’est joint la chanteuse franco-indonésienne Anggun, très populaire en Indonésie, qui avait écrit au président Joko Widodo l’implorant de gracier Serge Atlaoui.
La veille de la date prévue de l’exécution, les footballeurs du FC Metz ont soutenu la campagne et porté un t-shirt « Ensemble Sauvons Serge Atlaoui » avant le début de leur match contre le Paris Saint- Germain, et qui fut détourné par les Guignols de Canal+.
Sur le front médiatique, les plus grands médias nationaux ainsi que la presse régionale ont répondu présents en rendant compte des derniers développements juridiques tout en mettant en lumière les problématiques de la peine de mort en Asie et dans le reste du monde.
Mobilisation politique
Depuis l’abolition en 1981, la France est opposée à la peine de mort, en tous lieux et toutes circonstances. Par principe, elle assure travailler pour la commutation des peines de ses ressortissants condamnés à mort, par le biais du jeu diplomatique.
L’affaire de Serge Atlaoui est abordée à plusieurs reprises par les autorités françaises auprès des autorités indonésiennes dès janvier 2015, y compris au plus haut niveau.
A partir du mois d’avril, la France commence à exprimer publiquement, par la voix de Corinne Breuzé, ambassadrice de France à Jakarta, qu’il y aurait des « conséquences » sur les relations bilatérales avec l’Indonésie si Serge Atlaoui était exécuté comme prévu.
Le 22 avril, le Président François Hollande lance un appel auprès des autorités indonésiennes leur demandant de ne pas procéder à l’exécution de Serge Atlaoui. Le premier ministre, Manuel Valls, avait déjà marqué son soutien au lorrain sur Twitter : « Défendre Serge Atlaoui, c’est rappeler la ferme opposition la France à la peine de mort. ». Laurent Fabius, évoquait quant à lui « de graves dysfonctionnements de la justice indonésienne » face à laquelle Serge Atlaoui n’a « pas bénéficié du plein exercice de ses droits ».
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