Pourquoi vous-êtes vous engagé avec ECPM ?
J’étais adolescent quand la peine de mort a été abolie en France. Et je me souviens de mon effroi en réalisant que, dans mon pays, on pouvait encore condamner un être humain à avoir la tête tranchée. Beaucoup plus tard, j’ai eu la chance de rencontrer Robert Badinter peu après ma nomination comme Ambassadeur chargé des droits de l’Homme. J’ai mesuré pendant cet entretien à quel point l’abolition avait inspiré mon parcours personnel et professionnel. Trois ans après avoir achevé ce mandat, j’ai voulu prolonger cet engagement en mettant mon expérience au service d’une association que j’ai vue œuvrer partout dans le monde pour porter le message abolitionniste.
En quoi le combat contre la peine de mort est-il toujours pertinent ?
Grâce au travail d’ECPM et d’autres ONG, la peine de mort est en recul dans le monde, mais elle reste appliquée dans plus de 50 pays, parfois dans le plus grand secret. Nous ne connaissons même pas le nombre exact d’exécutions en Chine ! Et les sinistres pendaisons orchestrées cette année par le régime iranien ont démontré que la peine capitale restait un instrument de répression contre la liberté des peuples. Plus que jamais, il nous appartient donc de démontrer que la peine capitale est le châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit et d’exiger son abolition universelle.
En tant que militant et ancien Ambassadeur français aux droits de l’Homme, où se situe aujourd’hui le combat des droits humains dans le monde ? Quels sont les principaux défis qui nous attendent pour les prochaines années ?
Force est de constater que le combat pour les droits humains est devenu plus difficile, face à des pays qui ne cachent plus leur ambition de redéfinir l’ordre mondial au détriment des droits fondamentaux. Rien n’est jamais acquis et nous ne sommes pas à l’abri d’un retour en arrière – même en Europe où nous voyons se multiplier les remises en cause de la Convention européenne des droits de l’Homme, le texte qui fonde l’abolition sur notre continent. Mon expérience m’a appris qu’il ne faut jamais baisser la garde. Lorsque nous le faisons, comme cela a été le cas trop longtemps face au régime de Vladimir Poutine, nous payons toujours ces renoncements au prix fort.